LE BLOGLE BACKSTAGE

dimanche 27 décembre 2015

Mes vieux amis


Ma mère et ma sœur m'avaient dit que vous passeriez peut-être. Mais bon, un jour de Noël, vous auriez certainement autre chose à faire.
Et puis on a sonné et vous étiez là. Arrivant de la maison presque à côté. 20 mètres plus bas dans la rue. Celle de mon enfance. Ou plutôt de notre enfance.
On est tous tombés dans les bras les uns des autres. Frères et sœurs, amis d'autrefois, enfants devenus grands.
Honnêtement, avec tes cheveux poivre et sel, ta barbe., t'aurais-je reconnu si je t'avais croisé ailleurs qu'ici ? Je ne suis pas sûre. Combien d'années se sont écoulées depuis notre dernière rencontre ? Nous n'arrivons pas à nous mettre d'accord. Moi je dis 25, toi tu penches pour les 20. Peut-être qu'on s'est croisés une fois depuis, après tout, qu'importe. En tout cas c'est loin, c'est proche, tout ça à la fois. Et toi, ma belle, tu t'exclames - Comment elle va, ma vieille poule ?
Autant d'étreintes chaleureuses. Amicales. Authentiques.

mercredi 16 décembre 2015

Katrin Acou-Bouaziz

Le livre du bonheur

08h00. Elle va devoir tout recommencer dans le calme d’une maison vide, à peine réchauffée par les effluves de feu de bois de la veille. Elle sirote son café noir face aux arbres gelés. L’hiver l’agresse de loin, maussade. Elle prend son livre. Elle l’ouvre, certaine d’y trouver l’énergie, le sel des heures nouvelles.

12h00. Des rayons blancs réchauffent sa peau dans la file d’attente du marchand de légumes.

mardi 15 décembre 2015

Albane Casals Karady

La dédicace

« On n’instruisait pas les filles alors elle nous cachait dans une pièce sans fenêtre. Un jour elle apporta un livre. - Ce sera le seul, ou ils me tuent. Le livre se fit résistance. Nous l’épelions, sourires brûlants. Le livre hurlait la liberté, nous convoitions ses paysages. Déchiffrant l’univers, il nous affranchissait. Puis leurs lois se durcirent ; le livre nous trahirait. Nous arrachâmes ses pages pour nous les partager. Chacune apprit sa part et la fit disparaître.

Fabienne Boidot-Forget


Les lundis d'Amédée Grivert

Mima la Rousse avait 19 ans lorsqu’elle commença à vendre son corps. Elle exerçait son commerce dans une camionnette verte stationnée sur la route de Jargeau.
La première fois qu’elle avait reçu la visite d’Amédée Grivert, un lundi après-midi, il lui avait apporté un livre. Il s’était assis dans le fauteuil rose et avait dit :
- Lis…
Mima n’avait pas lu depuis l’école, elle ânonnait.
- Non, lis pour toi.
La moue boudeuse, elle avait d’abord fait semblant.

Chantal Rey

À LIVRE FERMÉ

"Allez, respire !". Zoé s’affairait en un vain massage cardiaque. Les ailes en croix, il gisait entre "Journal" et "corps".
Elle ne comprenait pas. Le plus dangereux c’est le milieu, surtout si c’est un gros livre. Or, ils étaient à la page de titre au moment de l’accident.
Maur voulait faire ça sur les fruits, ce qui avait choqué Zoé : "Pourquoi pas une partouze ?".

Marie Ladouce

La librairie biscornue

C’est ici : la librairie biscornue.
Anthony ouvre grand les yeux pour s’imprégner des détails. Il semble chercher quelque chose de précis. Il emprunte un tunnel dont les livres forment la voûte. À la sortie, il y a un jardin intérieur rempli de bruits d’oiseaux et de cascades. C’est la section « Nature ». Trois fenêtres et une sortie de secours. Il traverse la section jeunesse : un lieu ouaté dont les escaliers sont recouverts de moquette arc-en-ciel. De nombreux enfants grimpent sur les étagères pour attraper les livres.

Kateel Dedeyan

Le livre dans ma poche

A la hâte, je l’ai glissé dans ma veste. C’est un livre de poche, il avait donc tout à faire là.
Paris était sous le givre et j’allongeais mes pas pour arriver plus vite au chaud et au milieu du chapitre que j’avais abandonné à contrecœur.
Et puis, impatient de me replonger dans les mots suspendus, comme on retrouve un amour, j’ai dévalé les marches du métro et je me suis faufilé in extremis entre les portes qui sifflaient leur fermeture.
L’homme est y entré en même temps que moi.

Lucie Pierrat

Infidélité

- Il faut qu'on parle.
- Parler ? Je n'aime pas ce préambule. Tu as mis si longtemps à me revenir. As-tu perdu ta faim ? Allons, ce n'est pas grave, l'appétit vient en dévorant. Approche, pose tes mains sur mon dos, viens faire trembler chacune de mes fibres, chacun de mes nerfs. Tu sais bien que sans toi je n'existe pas.
- Les choses ont changé.
- Je vois. Tu as tourné la page ? Iseult trompe Marc,

Le prix de la micronouvelle RadioFrance


En octobre dernier, nous étions sept petites abeilles de Guerlain à participer à un curieux prix littéraire organisé par Radio France, celui de la micronouvelle.
Les contraintes : écrire une nouvelle, avec pouvoir évocateur et chute sur le thème « le livre dans ma vie », en 1000 signes maximum.

mercredi 25 novembre 2015

Larmes


La journée a été éprouvante. 
Il s'est mis à pleuvoir quand je sortais de l'usine. Une eau froide et lourde comme le ciel où bavaient des taches d'encre noire délavée.

mercredi 18 novembre 2015

La ceinture


Je viens d’enfiler ma robe quand l'idée me traverse l'esprit. Elle serait plus jolie avec une grosse ceinture, non ? Moi aussi d'ailleurs, une belle ceinture en cuir noir, assez large, à la mesure de mes hanches rondes. Cela tombe bien, j’en ai une que mon amie m’a prêtée pour le concert de samedi dernier. Elle devrait bien aller bien avec cette robe… je meurs d’envie de l’essayer. Je ne l’ai pas portée puisque le concert a été annulé.
Combien de fois l’ai-je admirée à la taille de mon amie, elle qui n'a jamais peur d'afficher ses formes. Moi d'habitude je porte plutôt mes mes robes sans forme, adepte d'un flou derrière lequel je me camoufle.
Elle est belle cette ceinture, dessine ma taille et donne à ma robe un petit plus, ce que l’on appelle la french touch peut-être. Immédiatement ma silhouette change, sculptée, plus féminine.
Je me scrute dans le miroir de l'entrée. Exactement : je suis plus féminine et aujourd'hui cela me fait du bien.
Ceinture adoptée.
- … à Saint-Denis, une femme vient de faire exploser sa ceinture d’explosifs… 
Brutalement cette ceinture me semble si lourde à porter. 

dimanche 15 novembre 2015

Mes amis, comment allez-vous ?



Mes amis, comment allez-vous ? 
Tout à l'heure près de la rivière, je pensais à vous tous. Je me demandais dans quels tourments vous vous trouvez. 

mercredi 11 novembre 2015

Commémotion


Après de nombreuses péripéties (lire ou relire ma lettre à ma fille), ma fille, 13 ans, a fini par intégrer une brigade de jeunes sapeurs pompiers. 
Ce matin pour la première fois de sa vie, de ma vie, de notre vie, elle est donc partie défiler pour la commémoration du 11 novembre.
J'ai beaucoup de mal à décrire ce que j'ai ressenti lorsque je l'ai aperçue marchant au pas dans son petit uniforme. C'était un curieux mélange : émotion, j'ai senti les larmes me monter aux yeux, fierté, j'admire son courage et son engagement,  impuissance aussi comme si, soudainement,  elle m'échappait, peur également de ce choix qui, peut-être sans doute, la conduira à vivre des situations difficiles et violentes.

Ma fille, petit soldat du feu. Ma fille, petit soldat tout court. Je n'ai jamais été très à l'aise avec l'institution militaire, je n'aime pas les ordres, je n'aime pas les contraintes et la hiérarchie. J'aime pouvoir discuter, débattre, polémiquer. J'aime la liberté, l'égalité et j'ai l'intuition que l'armée est un carcan où sont broyées toutes les formes d'expression originales et les initiatives personnelles. Peut-être que je me trompe ? Peut-être que cette vision, très égocentrée, est faussée par mon parti-pris, que je manque d'objectivité.

dimanche 8 novembre 2015

L'amour en pente (suite et fin)


En septembre 2014, j'avais écrit ce texte court L'amour en pente.
Je n'ai jamais pu oublier ce petit couple que j'avais vu passer dans ma rue et qui se tenait par la main comme au premier jour de leur amour.
Je les ai revus parfois, ils ne m'ont jamais regardée, ils n'existaient que pour eux et le temps qui leur restait à tous les deux.
Vendredi dernier, j'ai vu la vieille dame, un peu plus voutée, marchant à plus petits pas. Je l'ai vue avancer dans ma rue qui monte et qui descend, ses mains accrochées au métal froid d'un déambulateur. Elle marchait sans voir personne, les yeux accrochés quelque part ailleurs.
J'ai pensé que c'était arrivé et que le temps avait fait son affaire.
Elle était seule pour terminer la route et j'ai pleuré.

mercredi 28 octobre 2015

Mercredi le jour des enfants


J’habite presqu’en face des restos du cœur de ma ville, j’ai déjà écrit sur le sujet (lire ici) et jusqu’à ce matin, je n’avais pas l’intention de revenir dessus.
Depuis trois ans,
je me suis habituée à ce voisinage, au portail triste et gris (un peu semblable au mien) où sont affichés de travers les horaires d’ouverture, les modalités d’accueil, les restrictions aussi. J’y ai appris qu’il fallait s’inscrire pour être accueilli alors qu’avant je pensais qu’il suffisait d’aller frapper pour qu’une main généreuse se tende et vous secourt. En fait, pas du tout : les portes ne s’ouvre qu’un jour par semaine et à heure fixe.
Ce jour-là ma rue est très fréquentée, dès le matin, par quantité de gens portant à la main des cabas de supermarché. Je ne sais pas ce qui se passe lorsqu'on a raté le jour de la distribution de l'aide alimentaire.
J’ai toujours du mal à accepter qu’il y ait autant de gens dans le besoin, expression douloureuse et tellement laide. Est-ce mon empathie naturelle ou parce que je pense parfois que cela peut me tomber dessus n’importe quand ?

dimanche 25 octobre 2015

Toute première fois

Pour la première fois de ma vie, j'ai vécu en direct le passage à l'heure d'hiver.
Il était 3 heures moins 5 du matin quand tout à coup il n'était plus que 2 heures moins 5. Un petit côté magique. J'ai d'abord cru à un bug sur mon ordinateur ou que j'avais une hallucination, le temps qui recule, ce n'est pas habituel. Mais non, c'était bien ça. Nous avions gagné une heure. Ça m'arrangeait parce que pour la première fois de ma vie, je participais à un prix de nouvelles érotiques.
Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête, j'ai vu l'annonce il y a un mois et j'ai eu envie d'envoyer mon dossier de candidature, il a été retenu. J'étais inscrite. Depuis que j'ai décidé de devenir écrivain, j'essaye d'écrire tous azimuts. D'explorer des registres que je ne connais pas. De foncer dans le tas.

mardi 20 octobre 2015

Carte blanche à …


 Chantal Rey  
Merci à Fabienne de m’autoriser à me faufiler dans son joli blog pour vous montrer la couverture de mon recueil de nouvelles. Mais savez-vous ce qu’il y a entre la 1re et la 4e de couverture ? Bon, je vous raconte.
Sur la première page, rien. Sur la deuxième, rien. C’est comme ça, ce sont les mystères de l’édition. Peut-être ont-ils prévu de laisser de la place pour les dédicaces, les déclarations d’amour ou la liste des courses.
En page 3, le titre : « GENS DE PLUME et autres nouvelles ».
En page 7, une citation : « Pourquoi sommes-nous au monde, sinon pour amuser nos voisins et rire d’eux à notre tour ? », histoire de donner le ton.
En page 9, une table des matières, parce que c’est bien pratique.

dimanche 18 octobre 2015

Mon blog et moi


Souvent je m'interroge sur l'utilité de ce blog. 
Je l'ai créé il y a plus de deux ans et mon premier billet a été Pour Eric… 
[Au passage, et que tu le veuilles ou non, Eric tu es l'ange gardien de Scénario Anticrise, je trouve ça assez amusant quand on sait que tu n'aimais pas qu'on parle de toi, la lecture et encore moins internet.]

Depuis j'ai écrit ici 316 billets.
Parfois ce nombre me donne le vertige, je me dis que j'ai écrit tout ça, et encore je ne comptabilise pas le temps que j'y ai passé.
Parfois je me dis que je n'ai écrit que ça.

jeudi 15 octobre 2015

Morose automne


J'ai toujours dit que j'aimais l'automne. Ses embrasements, sa palette de couleurs qui se démultiplient à l'infini, ses fruits de saison, ses lumières douces et feutrées, les nappes de brume sur les champs labourés… Bref tout ce qu'on peut dire pour se rassurer.

dimanche 11 octobre 2015

Ma matinée en cavale


Le dimanche matin est fait pour dormir, normalement. Sauf que ce matin Short Edition organisait la troisième édition de la matinée en cavale… Un drôle de truc pour de drôles d'apprentis écrivains. 
Je m'étais inscrite dans la catégorie "Très très court" et il fallait donc livrer une histoire de 6 000 signes rédigée en moins de 6 h 06.
Le top départ a été donné à 8 h 08 avec l'annonce du thème "coïncidence inévitable".
Le top final a été donné à 14 h 04 avec la remise des copies.
Je crois que nous étions plus de 200 à participer…

jeudi 8 octobre 2015

De l'amour




Début septembre, mon amoureux et moi étions de mariage. Nous nous étions mis tous les deux sur notre 31 et nous étions beaux comme des sous neufs, enfin moi je trouve.
Il y avait quelque chose d’étrange d’assister ensemble à cette cérémonie.
A notre manière nous sommes un jeune couple, bientôt trois ans d'existence en tant que tel, même si nous ne vivons pas ensemble. Nous partageons une belle complicité et beaucoup de points communs mais comme nous comptabilisons à nous deux un siècle d’existence, forcément nos projets ne sont pas les mêmes que ceux d'un couple jeune (en âge). Exemple frappant : malgré tout ce que nous éprouvons l'un pour l'autre et le désir que nous pourrions en avoir, il est évident que jamais nous n'aurons un enfant ensemble.

mercredi 7 octobre 2015

Les ateliers d'écriture Anticrise - Petit meurtre au collège


Où il sera question de l'assassinat sauvage d'un poisson rouge dans une classe de SVT. 
A partir d'une anecdote relatée par Lucie Pierrat, lauréate des Abeilles de Guerlain comme moi, j'ai lancé l'idée d'un atelier d'écriture. Première version, celle de Marc Breton...


L'anecdote -  Rentrée + deux semaines : où l'on découvre le poisson rouge du prof de SVT lâchement assassiné. Les collègues mènent l'enquête en 4C. L'élève Y  a une défense de tout premier choix : "C'est pas notre classe, m'sieur, j'étais retourné pendant tout le cours et personne ne s'est approché de l'aquarium."

                        Mister Fish, par Marc Breton                                       

Sur la porte de la salle de SVT, nouvellement repeinte, on avait punaisé une feuille A3 qui titrait en majuscules L’ AVIE DE LA MORT. Tout en bas un minuscule poisson rouge laissait échapper une bulle dans laquelle on pouvait lire, encadré par des guillemets larmoyants, JE SUIS MORT. Une autre bulle vint se superposer durant l'interclasse. Elle contenait une tache rouge et deux petits mots : mort assassiné. A midi une dizaine de bulles grimpaient jusqu’au sommet de la feuille. Elles criaient vengeance, affirmaient que le coupable serait démasqué, condamné, excommunié....

dimanche 4 octobre 2015

Tu me regardes

Tu me regardes…
Tes yeux marrons qui me disent tout le malheur du monde.
La voix parle :
- De toute façon si on ne l'opère pas…
Instinctivement, tu t 'es rapprochée, carrément scotchée à moi. Mais pour une fois je ne peste pas contre les poils blancs que tu vas encore me coller partout.
- Si on ne l'opère pas, que se passera-t-il ?
Je repense à ce jour de mars où nous étions allés te choisir avec les enfants. Un gros raton qui peinait à marcher et qui se faisait maltraiter par les autres cadors de la portée. Une petite boule presque blanche avec une belle tâche marron sur le haut du dos.
Tu geins. Je caresse la tâche marron, elle a toujours été toute douce.
Et puis un jour nous t'avions ramenée à la maison. J'ai pris une photo des enfants, ils sont assis par terre sur le carrelage de la cuisine, tu essayes de les escalader et, eux, ils rient aux éclats. Ensuite nous sommes partis en Normandie. C'étaient nos premières vacances avec toi. Les enfants se battaient pour te tenir en laisse. Un surveillant de plage était venu nous rappeler à l'ordre.
- Madame les chiens sont interdits sur la plage.
Nous avions bien rigolé.
- Mais Monsieur ce n'est pas un chien, c'est une peluche !

mercredi 30 septembre 2015

Carte blanche à…


  Katrin Acou-Bouaziz  
  lauréate du concours e-crire au féminin 2015  

« Tu as carte blanche » m’a dit Fabienne. Voilà le genre de mots que j’aime lire. Pouvoir s’exprimer sans entrave, se laisser guider par l’inspiration, au fil des lettres qu’on enfonce dans le clavier. 
Un peu comme « Le concours e-crire au féminin est ouvert ». La jubilation de l’occasion d’essayer. Presque encore plus belle que celle de remporter un prix (le troisième). 

Alors j’ai écrit. Une première nouvelle dans la clarté turquoise d’un après-midi de vacances, la fenêtre ouverte sur les vagues molles un peu plus loin. La fièvre des idées qu’on torture pour les rendre intelligibles. Les mots qu’on soupèse pour raconter les sensations au plus juste, au plus près des autres. La chute qu’on espère surprenante. J’ai relu plusieurs fois et je n’ai pas aimé. J’ai fait relire par mon amoureux peu convaincu (mon critique de luxe toujours sincère) mais mes espoirs déjà ne vibraient plus.

lundi 28 septembre 2015

Au clair de la lune



Elle passe son temps à me dire que j'ai du talent, que je suis une artiste, que je devrais travailler ailleurs, m'envoler... 
J'ai beau lui dire qu'elle aussi, elle hausse les épaules et dégage en touche en parlant d'autre chose.

dimanche 27 septembre 2015

No glu - premier mois



Souvenez-vous, le 3 septembre je me suis lancée dans un régime alimentaire no glu - entendez sans gluten - un peu comme ça, au hasard et à corps perdu, sans trop avoir où j'allais et encore moins comment. Je savais juste que mon poids - le médecin avait parlé de surpoids - commençait à me poser quelques soucis vestimentaires et articulaires.

Cela fait donc trois semaines complètes, déjà, que je suis ZERO GLUTEN parce que, oui et c'est la vérité vraie, depuis le 3 septembre irréprochable j'ai été. Je n'ai pas touché à une seule miette de gluten sous quelque forme que ce soit, pâte feuilletée, brisée, salée, pain, penne, spaghetti i tutti quanti. J'ai même résisté à la brioche maison du petit déjeuner de la maison d'hôte où mon amoureux m'avait emmenée le week-end dernier.
C'est une sacrée aventure dans laquelle je me suis lancée.
J'ai  commencé par éjecter de ma vie tout ce qui avait un rapport avec le mot SABOT… seigle, avoine, blé, orge, pour le t je ne me souviens jamais de ce qu'il veut dire.

vendredi 25 septembre 2015

Salut l'ami(e)


Ce matin, je suis un corbillard.
Je veux dire que je suis – ou plutôt que ma voiture roule – juste derrière un fourgon mortuaire (c’est le terme approprié).

Je n’ai pas eu le choix, il a déboulé au premier rond-point et je n’ai pas eu d’autre solution que de lui emboîter le pas.
Je le doublerais bien mais il est pile à 93 km/heure, comme moi, respectueux des limitations et surtout attentifs aux radars.
Un corbillard gris métallisé, très moderne, rutilant comme un sou neuf.

mardi 22 septembre 2015

C'était moi...



Est-ce que j'avais 18, 20 ans ? Je ne sais pas trop, cette photo n'est pas datée. 
Je l'ai publiée ce week-end sur mon profil facebook. L'idée venait de l'un de mes camarades de collège, jeune quinqua comme moi :-)
"Salve les amis, et si nous nous affichions tels que nous étions à 18 ans ?!?"
Au début je n'étais pas sûre d'avoir envie de jouer le jeu.
Beh oui, j'ai forcément changé. Le temps qui fait mal, les cicatrices de l'existence, les années tout simplement. Et puis quelle photo montrer ?

vendredi 18 septembre 2015

Le prix du non





Tout l'été j’y ai réfléchi, ça a turbiné sec dans mon petit cerveau. J’ai repensé à mes copines qui me regardaient d’un air navré, enfin surtout une ou deux, et qui, depuis un bon bout de temps déjà, essayaient de me rééduquer.
- Pfffffffffffff quand je pense que tu bosses pour rien…
- Mais non, ce n'est pas pour rien…
- N'importe quoi…
- … ça s’appelle du bénévolat…
- Enfin, t’as pas un rond !
- Oui mais…
- Y’a pas de mais qui tienne la route : t’es pauvre comme Job alors quand tu bosses, on te paye, c’est simple, non ?
Combien de fois m'ont-elles cloué le bec ?
Et si elles avaient raison après tout ?

dimanche 13 septembre 2015

Une promesse


Je sais que ce n'est pas bien ce que je fais.

C'était il y a quelque temps. Avant ou pendant les vacances ? Peu importe mais voilà tu m'as dit :
- Maman, si tu pouvais juste arrêter de parler de moi sur ton blog ! 
Tu m'as prise au dépourvu.
- Non mais sérieusement, j'ai 16 ans et …
Je ne suis pas forcément objective mais je trouve que tu deviens carrément beau gosse.
- Ça te gêne tant que ça que je parle de toi…
J'adore quand tu me fixes comme ça de tes grands yeux noirs.
- Tu promets : tu ne parleras plus de moi ?
Alors j'ai lâché.
- Oui
Un petit oui laconique, contraint, forcé.

lundi 7 septembre 2015

Nos enfants


Samedi midi, nous avons déjeuné tous les quatre ensemble. Depuis combien de temps cela ne nous était-il pas arrivé ?
Cinq années.
Cinq ans depuis le jour où j'ai quitté le domicile conjugal.
Cinq ans depuis que j'ai déménagé pour changer de vie.
Cinq années que nous avons vécues séparés.
Mais samedi n'était pas un jour ordinaire. Notre grand garçon revenait de sa première semaine d'internat. Notre petite chérie fêtait son treizième anniversaire. Et puis beaucoup d'eau avait coulé sous les ponts.

jeudi 3 septembre 2015

Du pain sur la planche


Il y a des décisions qui ne se prennent pas à la légère.
Lundi matin, au retour de vacances,  le petit pantalon - taille 42 - que je voulais porter s'est tout bonnement refusé à moi. J'ai eu beau le supplier, allongée sur le dos, le ventre rentré à m'en asphyxier, il m'a narguée jusqu'au point de non retour…
Et même si pour me venger, je l'ai jeté en tapon (j'adore ce mot) au fond de mon placard dans l'attente de jours meilleurs…
Même si je me suis rabattue sur un jean dont la coupe est la valeur sûre par excellence de l'illusion, je ne suis pas sortie indemne de cet épisode humiliant !
D'autant plus que quelques heures plus tard, un orthopédiste flegmatique et nonchalant consulté pour des douleurs au genou droit m'a glissé, comme ça sur le ton de la confidence, que peut-être si je perdais quelques kilos…

mardi 1 septembre 2015

Cette chanteuse

Je suis debout, face au piano. C'est la place de la chanteuse, m'a-t-il dit. 
Je ne suis pas une chanteuse, je chante sous ma douche lorsque personne ne m'entend. Dans la maison lorsqu'elle est vide. Dans un ensemble vocal entourée d'autres voix.
Ma voix toute seule, je ne la connais pas : j'aimerais qu'elle soit chaude, belle, qu'elle fasse ce que j'aime écouter.
Ma voix, je la cache. Elle ne m'obéit pas. Souvent j'ai l'impression qu'elle grince, qu'elle coasse.

jeudi 27 août 2015

Le prochain billet


Aujourd'hui entre deux flaques d'eau et un brin de cafard, je reçois ce message :
- A quand le prochain billet ?  
Et comme un rappel à l'ordre.
-… ton public s'impatiente !
J'ai du mal à parler de vous tous, qui me lisez, comme d'un public.
Modestie ? Oui peut-être. Pudeur aussi même si parfois je me dévoile ici un peu beaucoup trop. Ou pas assez.
En tout cas tu as raison, je ne suis pas venu ici depuis… Depuis ?
Depuis un mois pratiquement. Le 29 juillet plus exactement.
C'est long un mois. En un mois il peut se passer beaucoup de choses. Ou peu.

mercredi 29 juillet 2015

Les ateliers d'écriture anticrise de l'été


Pendant les vacances, ma petite chérie m’a demandé d’imaginer pour elle un sujet de rédaction. Je lui ai donc écrit un début de texte, à charge pour elle d’imaginer la suite. Finalement, dans notre tribu estivale, tout le monde s’y est mis et ce qui avait commencé par un devoir de vacances s’est terminé par un jeu concours dont le premier prix était une publication sur mon blog.
Pas facile à départager… voici donc les deux versions (non retouchées) qui sont arrivées ex-aequo.

Le début...
C’était le troisième matin des vacances. Il flottait une drôle d’odeur dans la chambre. Je mis du temps à comprendre qu’il s’agissait des algues vertes. La marée devait être basse.
Tout le monde dormait encore. Je descendis et m’arrêtai dans la cuisine pour prendre un morceau de pain. Je sortis sur la terrasse. Le port était plongé dans une brume épaisse, comme du coton blanc. J’allais descendre sur le bord de mer lorsque mon regard fut stoppé net. Je n’en croyais pas mes yeux. Comment avaient-ils fait ?

mardi 28 juillet 2015

Droit dans le mur


Hello les amis
Toujours dans la course pour le prix littéraire de l'été e-crire au féminin.
Mêmes contraintes que l'an passé : des nouvelles originales de 2000 à 6000 signes ; quatre thèmes imposés...
La deuxième de mes contributions est en ligne.

Le thème du jour est : Tu es sûr(e) (de toi) 
(pour lire cliquer sur le titre ci-dessous)

Droit dans le mur

Premières phrases. Emmie ferme les yeux. Elle peut encore changer d’avis. De toute façon, d’après Antoine, elle est incapable de prendre une décision...

Bonne lecture à tous  ! 
Et surtout si vous aimez, n'hésitez pas à voter (contrainte : voter via Facebook) et partager évidemment.

lundi 20 juillet 2015

Mon sac de plage


Il y a un truc pendant les vacances qui fait que le temps subitement s’accélère*. Cela arrive généralement quand je m’y attends le moins, c’est un peu comme une sorte de check point que l’on franchit difficilement. Je ne sais pas pourquoi à un moment précis, je commence à me dire que voilà déjà une semaine que je suis arrivée, que dans une semaine à la même heure je serai au boulot, bref que la vie normale aura repris son cours … Oui, je sais, il ne faut pas voir le verre à moitié vide, je dois positiver, profiter du temps quand il est là, etc., blablabla, mais il n’empêche que lorsqu’arrive le point crucial où le décompte commence et où le sablier se retourne, et bien je m’offre un bon coup de cafard. Et les idées noires qui vont avec.

Je suis donc arrivée à ce point de non retour du milieu de vacances et cela mérite bien un petit vrac façon sac de plage.

1. J’ai toujours aussi mal au dos lorsque je me lève le matin. En cause certainement, un sommier et un matelas qui méritent un trajet simple pour la déchèterie.
2. Sans en avoir vu ou entendu un seul, je recense dix-huit piqures de moustique réparties sur ma géographie corporelle, avec une nette préférence pour sa partie inférieure, à savoir mes cuisses et mes mollets.

vendredi 10 juillet 2015

Cahier de vacances


Hello les amis
Je me remets en course pour le prix littéraire de l'été e-crire au féminin.
Mêmes contraintes que l'an passé : des nouvelles originales de 2000 à 4000 signes ; quatre thèmes imposés...
La première de mes contributions est en ligne. Vous pouvez donc me lire dès aujourd'hui, et si vous aimez, n'hésitez pas à voter et partager évidemment.

Première gourmandise estivale sur le thème "Je préfère l'autre"

 L'amertume du macaron

Premières phrases. Pourquoi tu n’as pas pris ceux au citron ? Tu sais bien que ce sont ceux que je préfère...

Bon appétit et à bientôt car je ne vais pas m'arrêter en si bon chemin !

#e-crireaufeminin #prixlitteraire

dimanche 5 juillet 2015

La fête est finie


Lorsque les musiciens se sont tus, que le calme est revenu, la nuit a pris une dimension étrangement triste.
La fête était finie.
Les petites bougies ont commencé à trembloter comme si les flammes tiraient sur la mèche, histoire de durer encore un peu, et sur les tables désertées, des verres abandonnés m'ont rappelé qu'à peine une heure avant, il y avait là tout un monde qui faisait un bruit joyeux.
La fête était finie.

lundi 29 juin 2015

Le magicien des couleurs


Ce pourrait être un texte écrit comme ça, au hasard d'une promenade sur la plage, le début d'une nouvelle, voire même la première page d'un roman aussi. Après tout pourquoi pas ?

J’ai marché sur la digue, les volets des villas étaient presque tous clos et dans le ciel gris, les mouettes dessinaient comme des cicatrices noires au milieu des nuages ; c’était juste gris, avec pour seules nuances, des pointes de noir et de blanc.
Aucune tâche de couleur par ici. Un jour d’hiver solitaire.
J’ai continué sur la digue et j’espérais qu’elle serait toujours là, posée sur la jetée, tourmentée, mais solidement ancrée face à la mer ; elle seule pouvait me ramener à toi.

jeudi 25 juin 2015

35 kilos d'espoir plus tard


Ce matin,  Delphine, j'ai appris que mon fils a décroché son CFG*. 
Après lui, c'est à toi, immédiatement que je pense. Toi qui fus sa maîtresse d'école préférée. En tout cas c'est ce qu'il a toujours dit. Et puis d'une certaine façon, c'est vrai que c'est toi qui l'as sauvé la toute première fois du mal d'école.
Cette année de redoublement, c'était, attends je compte sur mes doigts, il y a dix, onze ans ? 
J'entends encore la voix de cette c… de psychologue scolaire laissant entendre qu'il ne saurait peut-être jamais ni lire ni écrire et qui m'avait repris vertement. 
- Non, Madame, on ne parle pas de redoublement mais de maintien en grande section de maternelle !
Alors que lui ce qu'il voulait seulement c'était quitter cette fichue maternelle et partir en CP avec les autres, comme les autres.

mardi 23 juin 2015

Le prix de la discorde


J'ai encore envie de parler de ce livre. J'en suis tellement fière.
Qu'un de mes textes ait été distingué, qu'à travers cette nouvelle je puisse avoir été reconnue, cela me surprend encore.  C'est un peu comme si la fenêtre d'une pièce toute grise venait de s'ouvrir tout à coup sur un horizon tout bleu… tiens un peu comme sur cette photo.

Cela fait dix ans que je travaille sans obtenir aucune reconnaissance professionnelle. Dix ans qu'on utilise - je devrais dire abuse - mes compétences en me faisant croire que je n'en ai pas. Dix ans qu'on ne me laisse entrevoir aucune perspective d'évolution.
Cela fait dix ans que je suis enfermée dans cette pièce toute grise.

mardi 16 juin 2015

vendredi 5 juin 2015

Les Abeilles de Guerlain


Hier soir, j’étais à la remise du prix des Abeilles de Guerlain*. 

Cendrillon vient de rentrer chez elle épuisée, lessivée, et pour cause, le périph était fermé, les extérieurs totalement bouchés, elle a passé plus de deux heures dans sa citrouille. Et les douze coups de minuit ont sonné depuis belle lurette lorsqu’elle repousse enfin la porte de sa masure.
Elle enlève ses pantoufles de vair. Les pieds nus sur le carrelage frais, quel bonheur ! Il a fait très chaud ce soir et ses chevilles sont légèrement gonflées… Rien d’anormal compte tenu de l’affluence de compliments reçus tout au long de la soirée.


Elle vient de vivre une soirée de toute beauté

mardi 2 juin 2015

Je suis une fille du Distilbène


Je viens de lire un article sur le scandale des bébé Dékapine.
Qui a tort ou raison ? Le laboratoire Sanofi ou les plaignants dont les bébés nés sous ce médicament présentent de graves malformations… Je ne sais pas mais je ressens toujours un profond malaise à la lecture de ce genre d’information.
Parce que moi je suis un bébé Distilbène, une fille DES ou une fille du Distilbène, au choix.
(A lire une synthèse sur le sujet ici.)
Je l’ai appris, je devais avoir un peu plus de 20 ans. Lorsque ma mère a commencé à me parler, j'ai senti à son ton qu'elle cherchait à me protéger, me ménager. J'ai éprouvé un sentiment étrange, comme lorsqu'on sent que quelque chose d'important va arriver et qu'après votre vie ne sera plus jamais la même.

lundi 1 juin 2015

Intermède


Elle me demande
- Si tu étais à ma place, que ferais-tu ? 
Elle est mariée, deux jeunes enfants et elle vient de tomber amoureuse d'un autre homme que son mari. 
Si j'étais à sa place…  
- Tu partirais ? 

dimanche 31 mai 2015

Soliflore


Soliflore. n. m. Vase destiné à ne contenir qu'une seule fleur.

Dimanche dernier, ma fille m'a rapporté une pivoine qu'elle avait cueillie dans le jardin de son père. Elle sait que j'aime par dessus tout la pivoine. J'ai éprouvé un curieux sentiment. Je me suis souvenue du jour où nous avions planté ce pied de pivoine que sa grande fille, en voyage au Vietnam je crois me rappeler, lui avait fait envoyer pour la fête des pères. Cela avait été un moment joyeux, plein d'espérances, une pivoine a besoin d'au moins trois ans pour s'installer et refleurir. Je ne l'ai jamais vue en fleur dans le jardin.
J'ai installé la pivoine dans un soliflore.

samedi 30 mai 2015

Dédicace


J'ai vécu un moment merveilleux. 
Depuis quelques jours je me demandais comment ça allait se passer. 
On avait dit 10-12 h et 15-17 h. Est-ce qu'il y aurait du monde ? J'en avais trop vu des auteurs qui attendaient le client derrière leur pile de livres, ils avaient l'air de trouver le temps long. Et qu'est-ce que j'allais bien pouvoir écrire ? Est-ce que je saurais trouver les mots ? J'avais posé la question à mon amoureux : comment fait-on une dédicace ?

mardi 26 mai 2015

La loi du marché


J'ai 50 ans et j'ai peur.
J'ai peur de ne plus être à la hauteur. J'ai peur de perdre mon boulot. J'ai peur de devenir chômeuse de longue durée.  J'ai peur de devoir mentir sur mon CV. J'ai peur d'avoir à me teindre les cheveux pour faire plus jeune. J'ai peur de paraître incompétente. J'ai peur d'être trop vieille pour le recruteur. J'ai peur de la concurrence. J'ai peur de ne plus oser dire mon âge. J'ai peur de ne plus être combative. J'ai peur que moi aussi ça m'arrive. J'ai peur du moment où tout bascule. J'ai peur d'être obligée d'accepter n'importe quoi plutôt que rien du tout.

Confiteor

De Inepto Puero, traduction latine
du Journal d'un dégonflé, best-seller du préado signé Jeff Kinney. 

Tu es une mère indigne !
C’est ce que m’a dit ma petite chérie, il n’y a pas longtemps…
Lorsque j’ai attendu mes enfants, je m'étais toujours promis de ne jamais céder à cette terrible tentation qui consiste à transférer sur sa progéniture tous ses beaux rêves avortés.
Et même si j’ai rêvé que mon enfant devienne un jour un virtuose du piano, un pionnier de la chirurgie, un aventurier de l’écologie, un héros de l’humanitaire, et j’en passe et des meilleurs, je ne l’avouerai pas. Qu’il-elle sache lire à 1 an et demi et maîtrise les racines carrées à 2 ans, devienne bilingue sans même sans rendre compte juste en visionnant Dora l’exploratrice à 2 ans et demi, etc. encore moins.
J’ai souhaité que mes enfants se construisent harmonieusement dans un cadre épanouissant où je leur inculque des valeurs personnelles mais tout aussi universelles basées sur l’ouverture au monde et à l’autre, la tolérance… bla bla bla, etc.