LE BLOGLE BACKSTAGE

mardi 1 septembre 2015

Cette chanteuse

Je suis debout, face au piano. C'est la place de la chanteuse, m'a-t-il dit. 
Je ne suis pas une chanteuse, je chante sous ma douche lorsque personne ne m'entend. Dans la maison lorsqu'elle est vide. Dans un ensemble vocal entourée d'autres voix.
Ma voix toute seule, je ne la connais pas : j'aimerais qu'elle soit chaude, belle, qu'elle fasse ce que j'aime écouter.
Ma voix, je la cache. Elle ne m'obéit pas. Souvent j'ai l'impression qu'elle grince, qu'elle coasse.

Depuis plusieurs jours, je me demande comment cela va se passer. Pas un instant je n'ai pensé au piano. A cette place que j'allais devoir occuper, toute seule.
Là j'ai la boule au ventre, les jambes molles, le cœur qui bat trop vite.
Je ne suis pas une chanteuse.

Ce stage de trois jours, je l'ai voulu. Aller au bout du rêve. Me rencontrer. Me confronter à cette petite voix que je n'aime pas.
Qu'est-ce que je croyais ? Qu'il allait tout gommer ? Faire de moi une diva ?
C'était une connerie. Je ne suis pas une chanteuse. Je n'ai qu'une envie, fuir. Me cacher. Me taire.

J'ai travaillé avec lui hier, tout à l'heure encore. Des gammes, de la technique vocal. Des sons qui ne ressemblent à rien. Cela suffit comme ça. Je n'irai pas plus loin. Je vais sortir du rêve. Rentrer chez moi.
Ça ne marchera pas. Le morceau qu'il m'a demandé de préparer, je n'y arriverai pas. Trop haut. Pas pour moi.

Je ne suis pas cette chanteuse.

Je ne connais plus mes mots, je ne connais plus mes notes. Ça me gratte dans la gorge. C'est comme un tourbillon dans ma tête... prend appui expire ta langue contre les dents du bas mobilise ton corps fais travailler ton périnée va au bout des notes l'ouverture voix de tête ouvre large bon sang le soutien palais haut l'air qui passe non pas de respiration à ce moment ta langue recule visualise les voyelles passe en voix de poitrine… J'ai envie de m'évanouir. Disparaître. Etre partout sauf là.

Et puis soudain le silence se fait. Tout se tait. Il n'y a plus que le cœur qui bat. Les premiers accords. Le reflet de la fenêtre dans la laque noire du piano. Et la voix de la chanteuse qui s'élève.

Cette chanteuse, c'est moi.


Merci à Caro et Jeremy qui, chacun à leur manière, m'ont offert ce stage
Merci à Patricia et Isa qui m'ont embarquée dans cette aventure
Et merci à Andrew Lloyd Weber, auteur de I don't know to love him
ma première chanson interprétée toute seule comme une grande :-)
(Pour écouter la version originale chantée par Yvonne Elliman en 1970, 

5 commentaires:

  1. Comment t'as fait pour deviner tout ce qui se passait dans ma tete?
    Isa

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  2. Tu vois, toi et moi on se ressemble un peu 😀

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  3. bravo pour ton courage il faudra recommencer vite;la confiance s'installera je t'embrasse viviane

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  4. Comme tu l as si bien écrit " et la voix qui s élève " . Et crois moi elle c'est élevée !!!!!
    Et bien sur quelques larmes ont été versées parce-que oui ! c'était beau !
    J'espère que maintenant tu le sais ...... TU ES UNE CHANTEUSE !!!!!
    une brune qui t'adore

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    1. J'en connais une autre... Quel beau moment nous avons partagé toi et moi! Ça valait bien quelques larmes ❤️

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