LE BLOGLE BACKSTAGE

mardi 3 mars 2015

La mise au placard (pilote)

Personne ne doit ignorer que derrière les portes de certains placards vivent des hommes et des femmes. Cette série documentaire est très librement inspirée de leur expérience. 

Episode pilote

Le silence

Il n'a jamais pensé que cela pourrait lui arriver.
Il est forcément au-dessus de ça. Il trouvera toujours quelque chose à faire. Un subterfuge pour y échapper. Il sera plus fort que les autres. Ceux à qui cela arrive, doivent bien l’avoir voulu. Ou tout du moins n’avoir rien tenté pour l’éviter.
Et puis, insidieusement, sans qu'il s'en rende vraiment compte, cela lui est arrivé. Cela lui est tombé sur le coin de la gueule. Et un moche jour d'hiver, il réalise que, comme d'autres avant lui, son bureau s'est transformé en placard.
Le placard ressemble à un bureau, avec tous les attributs normaux du bureau : téléphone, ordinateur(s), tasse à café, souris, papiers, dossiers, cahiers, crayons, calculatrice, agrafeuse, bouteille d'eau minérale à moitié pleine, calendrier griffonné, agenda, tapis de souris usé, gomme, double décimètre, dévidoir de scotch, classeurs, etc. Bref l’arsenal classique. Le petit bordel plus ou moins bien rangé, c’est selon qui se trouve au placard.

Vu de loin tout est normal. On ne voit rien de spécial. Et surtout on n’entend rien. 

Peut-être en effet que ce qui surprend en tout premier lieu dans un placard est la nature du silence qui y règne.
Le téléphone curieusement calme. Le clavier cliquète à peine. Même les papiers s’empilent dans un calme assourdissant. Le clic-clac de l’agrafeuse se fait rare.
Au placard règne une ambiance feutrée. Tout est étouffé. Jusqu’aux bribes de conversations que l'on distingue assourdies dans le couloir, juste derrière la porte.
Parfois une sonnerie résonne comme une alarme, celle du téléphone.
Il hésite un moment avant de décrocher et jette même un rapide coup d’œil sur l’écran pour identifier l’origine de l’appel.
Il ne connaît pas l'interlocuteur. Son souffle s’accélère. On ne sait jamais. 
- Oui bonjour…
-…
- Monsieur vous faites erreur. On vous a mal dirigé mais est-ce que je peux quand même vous aider…
Tous les espoirs sont permis.
- … oui bien évidemment Monsieur, je vous en prie, bonne journée…
Ou presque.
Après le silence se réinstalle. Et l’on ne perçoit plus qu'un soufflement, celui du ventilateur de l’ordinateur. Un petit clic de souris. Une profonde respiration. Le temps est décompté : il reste encore plus d'une heure trente avant la fin de la journée.
Sur l’écran redevenu noir un message en lettres blanches vient d’apparaître. 
« Monitor going to sleep »
(à suivre)

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